Dès les premiers mots de Darina al Joundi, seule en scène, pieds nus, dans une robe d’été rouge, le spectateur est surpris par l’impression d’authenticité, de sincérité qui émane du texte et du jeu de la comédienne.
La vérité est qu’elle est là parce qu’elle nous parle d’elle. Elle est l’auteur et l’interprète de sa propre histoire, une histoire douloureuse mais vivifiante aussi qui doit tout à l’amour d’un père et surtout à l’amour de la liberté transmis par lui. Il est écrivain et journaliste syrien installé au Liban, engagé contre toutes les formes d’embrigadement, contre tous les conflits. Il veut faire de sa fille une femme sans tabou sexuel ou religieux. Quand la guerre éclate, elle a sept ans. Elle vit à Beyrouth où elle brûlera son enfance, sa jeunesse, dans un pays déchiré. Son père l’a voulue libre, elle se retrouvera prisonnière d’une liberté devenue impossible, qu’elle va payer au prix fort.
C’est Alain Timar, créateur et responsable du Théâtre des Halles à Avignon qui la met en scène, merveilleusement : sans emphase, sans excès de lyrisme, il traduit, sur un plateau de théâtre, la réalité, la, les vérités de cette jeune femme brûlée, mais toujours libre.